et mouillé comme un alcarazas son vieux père qui cultive des courges velues, soigne des liserons, des lauriers-roses et des soleils. Car ceci encore est une toile de Lacoste : le jardin urbain à la poésie régulière, le banc vert devant les balisiers où est assise sa jolie femme. C’est la cellule végétale où se recueille l’amour. Un mystère enveloppe cette humble botanique. Les jardins ! Ce sont les jardins de Lacoste ! Ils s’étendent maintenant nombreux, dessinés par un Le Nôtre sans emphase. Les uns, comme ce jardin paternel, ne sont troublés que par le grincement des rails qui longent les petites échoppes des professeurs, des lisseuses, des retraités. Voici un losange de fleurs rouges. Et c’est encore Lacoste, ces candélabres saumon, vineux, violâtres, blancs, que sont les marronniers rafraîchis par l’arrosage, le Luxembourg où rêvent d’ardentes écolières, où un étudiant nègre en chapeau haut de forme va passer tout plein de pharmacie et de socialisme. Jardins ! Jardins ! chante la palette de cet artiste admirable, comme : « À la fraîche ! qui veut boire ? » chante le marchand de coco.
Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/192
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
FEUILLES DANS LE VENT