soie noire, qui protégeait, à l’insu de tous, ce sphinx du spectre solaire : la palette de Redon.
Semblable à l’artiste du moyen âge qui, pour devenir sagement célèbre, cherchait celui-là dont il deviendrait le disciple, Redon a choisi le divin Maître qui voyant que la lumière était bonne la sépara des ténèbres. (Gen. i, 4.)
Ce fut la lithographie. Quand donc, à l’humble imitation de Dieu, ce grand artiste eut placé des ténèbres devant lui, il y posa de la lumière. Mais, dans les belles ombres de cette œuvre, comme dans celles de l’Éden, l’ennemi s’étant glissé et lové, on vit souvent ramper d’effrayantes larves.
D’où venaient-elles ? Hélas ! de cet enfer qu’est la vie et au fond duquel, nouveau Dante, Redon était descendu. Mais ici ce n’était point, certes, de sa part l’amour gratuit et durable du mal, cet irrémissible péché. C’était la paradoxale, mais littérale traduction de l’existence sans joie d’un doux génie méconnu. Qui dira l’attendrissement de Redon pour ces êtres voués aux ténèbres ? Qui saura