Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/201

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que ces araignées aux yeux suppliants, ces Pégases aux ailes que fripent les jantes des fiacres, ces chiens faméliques de maisons hantées, ces buddhas qu’hébète l’opium d’une vaine science, qui dira que le Maître les a connus et reconnus ? Tristes taudis ! Tristes courses nocturnes ! Tristes chenils ! Tristes ateliers en mal de religions nouvelles ! Ils sont, hélas ! d’un sûr réalisme dont sans doute Redon, le premier, s’inquiétait : lui dont les ailes éprises de ciel ne projetaient sur l’écran encore que de l’ombre.

Mais un jour le soupirail s’ouvrit sur la gloire dont un rayon tomba sur une femme dévouée et sur un fils. C’est alors que, remontant du séjour de l’horreur par-dessus les ailes de Dité, il vit poindre enfin les aimables couleurs :

Une douce teinte de saphir oriental qui, usqu’au premier cercle, nuançait l’aspect serein de l’air pur,

Rendit à mes yeux le plaisir, dès que je fus hors de la morte atmosphère qui m’avait contristé la vue et le cœur.

Dante, Purgatoire I. v, 6.