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FEUILLES DANS LE VENT

cénacle, collaboraient peut-être à la future flore animée qui éclate en gerbes de feu dans les nocturnes de Redon ?


III


Ce fut dans mon adolescence, trente ans après la fin de ces concerts, que je rencontrai Clavaud, non loin de ce jardin municipal qu’embaument les âmes de Linné, de Jussieu et de Durieu de Maisonneuve. Heures suaves ! durant lesquelles ce savant déjà âgé m’écoutait lire mes essais poétiques cependant que, des vastes presses à herbiers çà et là éparses, s’élevait le parfum de feuilles à l’agonie. Ce fut dans l’appartement de la rue Rochambeau, tout miaulant des bêtes préférées du botaniste, que je vis des lithographies qui me révélèrent l’existence et le génie d’Odilon Redon. Il était juste que ces planches d’art voisinassent avec celles où notre arni commun fixait des végétaux. La corrélation est grande entre les unes et les autres. Louis Pasteur avait compris quel naturaliste est Redon