rendus errants par la Chute de la maison Usher. L’enfance de Redon fut une enfance de pleurs sans cause.
Adolescent, il connut Rodolphe Bresdin. Et, tandis qu’il étudiait sous ce grand maître, dans la ville d’Ausone, rue Fosse-aux-Lions, il lui était loisible de contempler par la fenêtre ce cimetière de La Chartreuse où reposait Goya. On improvisait quelques réunions dans ce logis dont l’exiguïté abritait cependant les forêts vierges que faisait surgir de la pierre nue, comme le peut le bâton d’un fakir, le crayon magique de Bresdin. Ces réunions rappelaient celles dont quelques peintres flamands nous ont laissé la mémoire : où, dans une ombre orageuse, élégante et naïve, s’enflamme le vernis des instruments à cordes.
Il en était ainsi chez Bresdin. Tel jouait du violon, tel du piano, tel de la flûte. Et la Science prêtait à l’Art une oreille attentive. Car assistait à ces nobles séances celui qui fut l’ami de Redon et le mien : Armand Clavaud, le botaniste illustre. Qui eût dit alors que les songeries de ce savant, bercées par tant d’harmonie, éparses dans l’âme de ce