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FEUILLES DANS LE VENT

Deuxièmement, du pommier. — Il est rond. Son fruit est rond et rose et blanc comme est blanche, rose et ronde la joue de ce petit enfant maraudeur qui saute le mur du verger.

Troisièmement, de l’amandier. — Les doigts de Dieu ont aplati l’amande et laissé sur l’écorce un peu d’encens et dans la coque un peu de lait caillé.

Quatrièmement, du poirier. — Il est comme un pèlerin vêtu d’une robe conique, appuyé sur un bâton noueux, et qui assiste à ce miracle que ses gourdes puisent leur eau fraîche dans le feu du soleil.

Cinquièmement, du prunier. — La peau de ses fruits est si fine, que lorsqu’on la détache, elle forme des lanières transparentes. Et la chair mise à vif est toute saignante de soleil.

Sixièmement, du cerisier. — Le cerisier est le corail de la mer céleste. Et un rameau chargé de cerises est plus lourd qu’on ne pourrait croire.

Septièmement, du néflier. — Ses fleurs sont des églantines blanches. La peau de son