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NOTES SUR QUELQUES ARBRES

fruit rond, creusé au sommet en couronne, est lisse, rousse et parfois argentée comme la jeune branche de chêne ; la chair acide et douce, couleur de tan, contient plusieurs noyaux osseux. La nèfle ne se mange que décomposée, en décembre. On dirait d’une crème de feuilles mortes, et elle porte la bure parce qu’elle demeure solitaire dans le verger.

Huitièmement, du lilas. — L’azur s’enflamme au bout de ses branches et la jeune fille qui tient ces torches parfumées sur son cœur qu’elles dévorent pense que tout le ciel brûle aussi.

Neuvièmement, du marronnier d’Inde. — Ses mains d’ombre ridées entourent mille thyrses saumon ou blancs tachés de rose. Ses boules vertes puis brunes, hérissées comme des masses d’armes, tombent et s’ouvrent en laissant échapper d’une peau blanche et glissante les marrons rebondissants, vernis comme de vieux meubles.

Dixièmement, du citronnier. — Sa canne, veinée comme une noix muscade, s’élève d’une caisse verte et carrée. Feuilles et fleurs