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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/297

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Se dirigeant alors vers la fontaine, elle voit, parmi les rocailles, se balancer et boire, et puis marcher avec rapidité, une bergeronnette.

Et Pomme d’Anis se demande :

Est-ce que la bergeronnette est infirme ? Je pense que non. Quand une bergeronnette est infirme, peut-elle être aimée d’amour par un bergeronnet ?… Alors, elle se souvient d’un petit ortolan qu’elle avait recueilli jadis. Il traînait un brin de bruyère qui était lié à ses pattes. C’était un appeau échappé. Elle l’avait délivré de ce supplice et rendu à la liberté. Comme cela, il n’avait plus été infirme… Son infirmité, c’était ce brin de bruyère. Ah ! Si l’on avait pu lui enlever, à elle, son infirmité, comme un brin de bruyère… On disait bien qu’à Lourdes il y a des miracles… Elle était allée à Lourdes toute petite. Elle n’avait jamais soufîert comme pour se dévêtir avant d’être plongée dans la piscine. Elle avait prié, elle avait suivi bien sagement la procession. Elle était dans une petite voiture. Elle n’avait pu aller à pied parce que la hanche lui faisait mal. L’azur vide chantait. Les