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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/389

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est de celles qui auront vécu sans savoir pourquoi, auprès d’un mari notaire ou propriétaire rentier. Et cette vie se passe à ranger du linge, à dresser la liste de la lessive, à régler les comptes, à surveiller les métayers et à s’échapper à l’église où elles croient causer avec Dieu, la sainte Vierge et les saints. Ce n’est pas une mauvaise femme, mais elle est bien nulle et je me demande comment un poète de la valeur de Pierre a pu naître d’une femme si fermée à tout art et à toute science. Il n’est pas étonnant qu’elle fût liée d’amitié avec ma belle-mère qui, elle, en plus de la sottise, avait de la malice et qui n’a même pas su donner à mon pauvre Paul la liberté dont Pierre a joui. Je crois que Paul eût pu devenir autre chose qu’une sorte de gentilhomme fermier si on l’avait laissé il y a dix ans, à la fin de ses études, rejoindre à Paris son ami Pierre. Il a parfois du goût. C’est ainsi que je l’ai vu bien ému lorsque Pierre nous a fait part de son dernier drame lyrique. Dieu ! Quelle merveille ! Quelle poésie et quel sujet : Cette jeune Espagnole, Jonquille, que l’on soigne pour sa folie qui consiste à