Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/390

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voir des choses admirables que les personnes qui l’entourent ne savent point voir. Et cette rencontre de Jonquille avec le poète qui, lui, la comprend, la rassure parce que lui aussi, et sans qu’on le traite de fou, il voit comme elle des merveilles que les autres ne voient point. Et cette même inspiration qu’ils ont un soir devant l’océan et que le poète a transcrite sans le dire à la jeune fille, mais qu’elle reconnaît plus tard pour l’avoir eue au même instant que lui. Et ces fiançailles de lA Poésie avec la Raison ! Quoi de plus beau ?… Ah ! quel homme que ce Pierre !… Ce thème du début… Le poète qui longe pour la première fois le jardin où la jeune démente voit l’ombre des heures descendre sur la pelouse et danser. Oh ! être la femme d’un tel homme, partager ses épreuves et sa gloire, l’assister, le défendre, se donner toute à lui, vivre à son ombre, se sentir caressée par sa présence, s’unir à lui, poser mon cœur chaud sur le sien ! Ne plus rien savoir que lui-même et presque plus rien de moi. Ne lui répondre, par les lourdes nuits, que par l’abandon de ma chair et de mon âme. Oh ! Combien me pèse mon