Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/454

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choses dont sans doute je n’étais pas digne.

« J’ai gardé le plus que j’ai pu nos enfants auprès de moi, pour que leurs petites mémoires d’innocents se ressentent le moins possible plus tard de ce qu’ils ne comprennent pas aujourd’hui. Je leur dis que maman est souffrante et qu’il ne faut pas parler d’elle tout haut, de peur de lui faire du mal. Et alors ils jouent parfois longtemps sans rien dire.

« Ma pauvre amie blessée, je ne te reproche rien, ni à personne et je n’ai pour tout le monde qu’une excuse, bien douloureuse il est vrai. Je crois savoir qu’une immense détresse t’a étreinte ces derniers jours, que tu as fait appel à ce même Dieu crucifié que Claudine et Jacquot prient chaque soir et qui est au-dessus de la couche de leur papa qui est seul. Je ne veux exercer aucune contrainte sur ton âme, je veux simplement te dire que le jour où tu auras besoin d’un refuge dont jamais la porte ne te sera close, tu as mon cœur et mes bras. »

« Paul. »