Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/70

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des pires peines comme un ver luisant dans l’obscurité. »

Comme je repassais devant la loge de Pascal, le portail s’ouvrit livrant passage à l’une de ces enfants du Seigneur que l’on nomme orphelines. Au risque de me tromper, je voudrais que ce doux mot : orpheline, tirât son étymologie du nom d’Orphée dont la lyre était si touchante qu’elle arrachait des pleurs aux rochers. Et cette orpheline avait la figure pareille à une pomme du côté où elle est rose et une collerette comme une marguerite des champs. Et Pascal en me la désignant me demanda :

— Vous ne connaissez point Pentecôte ?

Et à elle :

— D’où reviens-tu, Pentecôte ?

Et elle :

— J’ai été faire une commission, acheter pour Pierre le manchot un moule à faire des cigarettes. Il verra s’il peut apprendre à les rouler ainsi avec la main qui lui reste.

Elle parlait contre le gazon, non loin d’un arbre que l’on appelle magnolia, qui avait l’air de la protéger et dont les fleurs avaient été