Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/75

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qui tiennent les Capitulaires. « Je joue le roi de cœur », disait un autre hospitalisé. Mais en tête des héros et des héroïnes de l’épopée, au front des reines, entourée de valets assagis par sa vertu, voici qu’apparaissait, brillante comme une épée qui n’a jamais frappé, cette Pallas qui est la Pucelle d’Orléans. La bienheureuse était à l’aise là autant qu’elle le fut lorsque dans les haltes de ses chevauchées miraculeuses elle entrait dans les campements des blessés. N’était-elle point sœur de ces hommes du peuple dont plusieurs avaient fait leur service militaire ? Point ne la scandalisaient les gros verres de vin rouge encore emplis à moitié sur cette table où se jouait une moins grave partie que la partie de Compiègne. Jeanne ! Jeanne qui, dans la forêt que tapissent les muguets les plus nombreux que j’aie vus, marcha, toute pâle de Dieu, vers son martyre enflammé, Jeanne était bien là, dans cet hospice, chez elle. C’était l’heure de midi. Tous les angélus de France sonnaient, accompagnant les voix de Mme Sainte Marguerite, de Mme Sainte Catherine et de M. Saint Michel. Et le même soleil, qui avait