Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/79

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« Lorsque tu seras entré dans la maison, adore aussitôt le Seigneur ton Dieu, et lui rends grâces ; puis, t’approchant de ton père, tu le baiseras, et tu étendras tout de suite sur ses yeux du fiel de ce poisson que tu portes avec toi ; car sache que ses yeux s’ouvriront à l’instant et que ton père verra la lumière du ciel et que ta vue le comblera de joie. »

Et Pierre se disait encore

— Ah ! petite, petite Pentecôte !… Si tu étais vraiment un ange qui me rendît non pas la vue, mais le bras qui me manque…

Et le jeune Tobie, étendant le fiel du poisson sur les yeux de son père, annonçait :

« Je vois une taie blanche, comme la pellicule d’un œuf, qui commence à sortir… »

Et l’enfant qui représentait le vieux patriarche s’écriait :

« Je vous bénis, Seigneur, Dieu d’Israël, parce que vous m’avez châtié et que vous m’avez guéri ; et voici que je vois mon fils… »

Et l’archange répondait par la bouche de Pentecôte :