Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Bénissez le Dieu du Ciel et rendez-lui gloire devant tout être qui a vie parce qu’il a exercé envers vous sa miséricorde… Maintenant, le Seigneur m’a envoyé pour te guérir… »

Et Pierre, les larmes aux yeux, regardait Pentecôte et, en lui-même, il reprenait cette phrase :

« … Maintenant le Seigneur m’a envoyé pour te guérir… »

Un murmure d’admiration accompagnait les ailes et les paroles de l’orpheline. Et dans l’ombre qui allait croître, il semblait que le gave articulât les mots d’une langue inconnue.

Comme, la représentation terminée, Pentecôte passait devant Pierre, il lui demanda à voix basse.

— Ô jolie Pentecôte ! mon ange, n’as-tu pas un remède qui me guérisse aussi ?

Elle devint, plus qu’elle n’était, rose, et :

— Vous avez, répondit-elle, de si jolis yeux que, pour eux, il n’est pas besoin de remède.

Et elle s’enfuit.