Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/150

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C’est horrible de voir ton œil brillant s’ouvrir
de peur et se méfier… Tu ne vas pas mourir…
Tu voleras encore sur les composées bleues ;
ton vol effleurera tes sœurs, les campanules.
Dans la brumeuse nuit tu reverras les feux
des pâtres agrandis près des buissons de houx,
qui appellent dans la nuit et qui chassent les loups.
… Petit, console-toi, tu ne vas pas mourir…

L’OISEAU

Mourir est-il mauvais, si ce n’est pas souffrir ?
Pourquoi ne veux-tu pas, mon ami, que je meure ?
Ne vois-tu pas tranquillement mourir les fleurs ?
Vivre dans la montagne ou vivre dans la mort,
n’est-ce la même chose et le même pays ?
Lorsque dans un ruisseau, pris dans un tourbillon,
mon cadavre sera comme une feuille morte ;
Ne continuera-t-il de fleurir le cytise ?
Ne continuera-t-il de sauter le criquet ?
Ne continuera-t-il de fructifier l’alise ?
Ne continuera-t-il de pleurer le rocher ?
Ne continuera-t-il de chanter ma femelle