Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/31

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Le jour est revenu où, au petit village,
un soir pluvieux d’été, je voyais, triste et seul,
passer la procession faite pour écarter
les inondations qui dormaient sur les prés.

Oui, je reviens, amie, à l’enfance si douce.
Mon âme est pure ainsi que l’âme la plus pure,
ainsi que la lueur qui argente tes joues,
ainsi que la lumière au tremblement d’azur
qui, dans la blanche allée, allume vers onze heures
la rose noire épaisse et les iris qui pleurent.

Mon sommeil est plus pur que les nuits romantiques.
Tendresse, je veux fiancer ton cœur aux nuits légères,
au Printemps de six jours où la nuit s’interpelle,
où le jour ne peut pas finir et où l’appel
perdu du rossignol emplit d’une joie triste
les lilas qui voudraient et ne peuvent mourir.

Mais, avant de me retrouver, ma fantaisie
est que tu ailles, doucement, de chambre en chambre,