Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/90

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ainsi qu’un chèvrefeuille et ployée, et ta taille
succombant sur mon bras, et ta joue à ma tempe.

Dans ces Champs bienheureux tout nous sera rendu,
jusqu’au moindre grillon, jusqu’à la moindre mûre.
Par les ruisseaux touffus couleront les murmures
qu’ont aujourd’hui nos cœurs d’être longtemps perdus.
Les fruits seront gonflés, les palmes seront noires,
et Dante, soulevant sa robe, passera.

Le soir, nue et couchée aux fraîches anémones,
la grâce de tes bras me donnera l’aumône.
Une rosée glacée, qui pourtant sera douce,
caressera tes reins plus souples que la mousse,
et tes seins ronds et durs et ensemble dressés
feront qu’en les voyant s’étonnera Pomone.

Mais il n’est point encore de ces Champs-Élysées.
La vie reprend. Le château vide est toujours là,
et dans les Atlas clairs dorment les Angolas.
On ne sait pas. On ne sait pas. On ne sait pas.
Ton fouet aux néfliers ne s’accrochera pas.