Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/104

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qu’un de vos amis envoie à notre docteur pour faire une cure d’air.

Vous voudrez, mon cher Hector, me faire tenir le compte de tout ce que je vous dois et de tout ce que je pourrai vous devoir.

Je vous prie d’accepter les quelques colis que je fais charger à votre intention à bord du Val-d’Or qui emportera cette lettre. Je fais adresser le tout en douane de Bordeaux. Il se trouve, parmi ces colis, une partie du trousseau de Laura, du linge dont vous trouverez le détail ci-inclus, des robes, etc., et une guitare d’une grande valeur dont elle joue parfaitement.

Le rhum qui est à votre adresse doit être transvasé goutte à goutte dans une deuxième barrique. Vous en perdrez ainsi beaucoup, mais ce qui en restera sera délicieux.

Je ne sais assez vous remercier, mon cher Hector, de votre bonté fraternelle.


L’Artibonite, près la Pointe-à-Pitre,
ce 7 décembre 1805.

Je vous remercie, mon cher Hector, des nouveaux détails que vous me donnez sur la mort de la pauvre Laura. Je désirais connaître la vérité, si terrible qu’elle fût. Ma main est prise d’un tremblement à vous écrire ces lignes. Voici dix nuits que je pleure amèrement, demandant pardon au Tout-Puissant de l’imprudence que j’ai commise, et qui a précipité dans la tombe le plus aimable des êtres. Hélas ! Pourquoi suis-je resté sourd aux plaintes de cette chère amie et ne l’ai-je point accompagnée en France ? Pourquoi la confiance en moi lui a-t-elle fait défaut ? Malheureux que