Aller au contenu

Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pareils à des ronces, et qui formèrent peut-être une tonnelle. Il y a une planche de banc, humide et pourrie, qui est là.

La chasse s’est éloignée. À peine Clara d’Ellébeuse entend-elle les chiens de temps en temps, comme s’ils étaient au fond du ciel.

Elle cueille des fleurs et songe à leurs symboles qu’elle a recopiés sur son carnet de couventine, en cachette, car cela est défendu.

… Le pavot mauve, si fragile, signifie sommeil et langueur ; le pied-d’alouette, dont chaque fleur est comme un papillon bleu, timidité, ingénuité ; la rose, fraîcheur et tendresse…

… Laure connaissait-elle le langage des plantes ? Pauvre Laure ! Elle a dû bien souffrir… Est-ce que c’est là qu’elle est morte ? Où était sa chambre ? Est-ce que c’était au contrevent de gauche ? Il y a un clou, là. Est-ce qu’on y suspendait une cage ? Elle aimait les oiseaux.

Clara d’Ellébeuse n’entend plus la chasse qui est bien loin, sans doute… derrière le coteau… Est-ce que papa et Roger sont avec les piqueurs ?…

Elle ne sait pourquoi, elle a envie de sangloter.

… Elle aimait les oiseaux, Laure… Et elle jouait de la guitare… Qui avait délivré le laudanum ?

Le ciel est pur comme une source bleue. Le so-