Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/126

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leil de neuf heures jette une ombre épaisse au pied du puits.

… Laure buvait de cette eau, peut-être ?… Et si j’en buvais, moi ? Il y a un seau neuf qui doit servir à quelque métairie du voisinage… Que l’intérieur du puits est noir et beau ! Il y a des scolopendres, des violettes et des mousses glacées… Il y a un tremblement de soleil sombre au fond… Le seau n’est pas trop lourd… Il revient… L’eau est claire… Qu’elle est fraîche…

— Vous allez prendre mal, mademoiselle Clara !

C’est Roger qui a dit cela. Il a surgi tout à coup.

— Votre père n’est pas ici ?… Il m’avait dit qu’il y viendrait… Peut-être a-t-il suivi les chiens ?… Voulez-vous bien laisser cette eau… J’ai du vin dans ma gourde. En voulez-vous un gobelet ?

— Merci, monsieur Roger… Merci… Je ne bois jamais que de l’eau… Je n’aime pas le vin… Je ne bois jamais de vin.

Elle sourit à Roger et s’assied sur une poutre, au pied du puits. Roger se place auprès d’elle. Ils ont posé leurs fusils contre la margelle.

— Savez-vous, monsieur Roger, qui habitait cette maison ?

— Ma foi, non… Je l’ai toujours vue fermée