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V

La tristesse du vent émeut les platanes d’Octobre de la cour des récréations. Une aigre et froide poussière tourbillonne. Le mince jet d’eau se brise à chaque instant. Les goûters sont terminés, et les papiers qui enveloppèrent les gâteaux, les pommes et les oranges volent au ras du sol. C’est le moment le plus animé des jeux. On voit évoluer les robes noires des couventines. Celles-ci font exception qui se promènent, confidentielles, ensemble ou avec leurs maîtresses.

Les plus nombreuses courent ou sautent, ou jouent au volant et aux grâces :

— Lia ! Tu es prise ou je n’y fais plus !

— Vingt-un, vingt-deux, vingt-trois… Manqué ! À toi.

— Tu as parlé. Aï ! C’est à moi de recommencer.

— Où en suis-je ?… Tu as foulé la ligne.

— Ne crie pas comme ça.

— Je te dis que non.