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fille qui, depuis deux jours, un peu moins souffrante, recommençait à se lever.

— Comment avez-vous dormi, mon enfant ?

— Je me sens mieux, petite mère.

— Voulez-vous que Gertrude vous apporte l’eau chaude pour votre toilette ?

— Je veux bien, petite mère.

Mme d’Ellébeuse quitta la chambre de Clara et, toute ravie de son espoir, alla s’agenouiller et prier au pied de son crucifix.

Lorsque Gertrude se fut retirée, Clara d’Ellébeuse fit avec grand soin sa toilette. Elle lustra au rouleau de buis ses boucles lourdes. Elle sépara régulièrement ses bandeaux lisses qui s’incurvaient sur le front ; puis, soucieuse, ouvrit son sachet à mouchoirs. Elle y prit les deux lettres de l’oncle Joachim qu’elle y avait replacées, et les brûla dans la cheminée, soigneusement. Un moment, elle fixa des yeux le portrait de son grand-oncle, puis descendit, en étouffant ses pas, à la bibliothèque. Il y avait, à l’un des angles de cette pièce, un placard où Mme d’Étanges avait réuni toutes les drogues nécessaires à une pharmacie de campagne, quelques sels, quelques liquides. Sur chaque fiole ou bocal, Mme d’Étanges avait écrit de sa vieille écriture le nom du médicament : Ether sulfurique, Laudanum, Arnica, Eau sédative, etc…