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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/159

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I

Almaïde d’Etremont, accoudée au banc où elle est assise, ne peut dissiper sa tristesse qu’augmente la langueur de ce triste et ancien après-midi.

L’ombre au cadran d’ardoise qu’irise le soleil marque trois heures. Tout conspire à la mélancolie de cette âme qu’assombrit le regret d’un songe mal vécu. Ah ! Pourquoi le parfum du pompadoura écœure-t-il ainsi la jeune fille ? Pourtant elle aimait son arôme étrange aux jours qu’avec des amies d’enfance elle jouait aux grâces dans l’allée ténébreuse.

Ô Temps lointains ! Rien ne demeure plus des jours de grandes vacances qu’empourpraient les agonies solaires de l’Automne. Ô Almaïde d’Etremont ! Évoques-tu aujourd’hui, dans la morose rêverie de cette méridienne, les feuillages qui, d’année en année, étendent une ombre plus solennelle sur le sable des récréations ? Revois-tu la sentimentale que tu étais déjà quand, aux jours de distribution des prix, l’on te choisissait pour