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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/168

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— Seize ans, Mademoiselle.

La physionomie du petit garçon demeure calme. Il n’est point intimidé par ces demandes. Il a une jolie figure, lisse comme du lait caillé, des yeux pareils à des mûres, des dents aussi blanches que celles d’un levraut, des lèvres de chèvrefeuille rose.

Sa mère s’approche d’Almaïde :

— Vous parlez à mon garçon, Mademoiselle ?… Petit-Guilhem, enlève ton berret ?… Vous ne le connaissiez pas ?…

— Non… Laissez-le retourner à la danse. C’est un joli enfant.

— Joli, oui, Mademoiselle. Mais pas toujours sage. Et puis il me fait rire de danser comme ça avec ces chevrottes qui sont plus grandes que lui. Quel toupet !

La ronde et la mélopée reprennent, se marient avec une douceur angélique. Comme un encens, les voix montent vers la montagne empourprée. C’est l’heure où elle se dore comme un fruit ou comme une église, où la vineuse lueur du soleil rampe sur les rhododendrons et les raisins d’ours, où se dissipe en ombres confuses l’azur nocturne des sapins.

Almaïde d’Etremont regagne le château morose, en emportant au fond du cœur le regret de n’avoir point sa part aux joies de ces simples mon-