Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/167

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le petit pâtre qui, la veille, chassait devant lui, à travers l’eau dorée, les deux chèvres. Elle ne sait point qui il est, bien qu’elle connaisse depuis longtemps la plupart de ceux qui sont là… Cet enfant est charmant, se dit-elle. Et elle sourit de ce qu’il danse avec gravité, donnant les mains à deux belles filles dont les joues sont pareilles à des pommes de feu sous la rosée. Cela amuse beaucoup Almaïde de l’avoir vu, hier, les culottes troussées, presque aussi nu qu’un petit chien de berger qui vient de naître, et de le retrouver là, vêtu de la bure des pasteurs, accordant son pas et sa voix à la psalmodie plaintive.

— Qui es-tu, petit ? D’où es-tu ? De qui es-tu ?

— Je suis Petit-Guilhem, de chez Arramoun, Mademoiselle.

— Mais où étais-tu ? Je ne t’ai jamais vu au village…

— Je suis revenu pour remplacer mon frère, qui est parti.

— Mais où étais-tu ?

— Dans la vallée de Gavarnie, Mademoiselle.

— Qu’est-ce que tu y faisais ?

— Je tressais des cordes pour les sandales et j’apprenais le métier de guide avec mon oncle.

— Tu es bien jeune pour la montagne. Quel âge as-tu ?