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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/182

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— Qu’il est donc bien !… Je le préfère au marié…

Et, à la grande joie d’Almaïde, le repas fini, M. d’Astin s’approche d’elle :

— Il y a bien longtemps que je ne vous ai vue, ma belle enfant… Je bouge si peu… Comment se porte votre oncle ? Toujours maniaque ? Enfin !… Ah ! votre chère mère, votre père, qu’ils étaient aimables ! Comment, jolie comme vous êtes, ne vous mariez-vous pas ? Ne rougissez point… Ah ! Oui ? je comprends… L’oncle ?… Je m’en doutais…

Enfin — achève M. d’Astin en souriant — tout n’est pas éternel… Les grenades sont faites pour être cueillies. Et si votre Argus d’oncle garde l’arbre par trop, on les lui volera, ma chérie… Et je regrette bien de n’être plus assez jeune… Voyons ?… Vous vous ennuyez là-bas ? Vous ne sortez jamais ? Quand me venez-vous voir ?… Mardi j’ai de nos amis, venez-vous ?

Almaïde répond :

— Vous êtes bien bon, monsieur d’Astin… Je voudrais tant, mais ne le puis. Mon oncle, bien qu’il me voie peu, ne peut souffrir que je m’absente des Aldudes pour aller visiter du monde… Aujourd’hui, la permission est exceptionnelle… Merci, monsieur d’Astin, merci…