Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

IV


Quelques jours après le mariage d’Éléonore, comme Almaïde d’Etremont se dirige vers la rivière qui arrose le bois des Aldudes, elle trouve non loin de la berge, dans un épais herbage, Petit-Guilhem qui joue de la flûte.

Elle s’arrête et lui sourit :

— Est-ce que c’est bien difficile de siffler comme cela ?

Et elle prend le triangle de buis et, de sa lèvre ardente, en effleure le bord.

— Non, pas comme ça, Mademoiselle. Il faut faire glisser la flûte de gauche à droite et puis de droite à gauche en soufflant après les douze trous.

La soirée frémit doucement au souvenir d’une ondée qui passe au soleil. D’épais nuages blancs fuient sur le bleu limpide et net. L’eau verte, sur qui les larmes des aulnes bleus s’élargissent en cercles de lumière, se trouble un peu par endroits,