Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/185

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là où des bulles montent du fond pour se briser à l’air.

— Viens, rapprochons-nous de la rivière ? lui dit-elle. Asseyons-nous là, veux-tu ?

L’enfant se met aux pieds d’Almaïde et, rajustant son pipeau à ses lèvres, il gonfle ses joues au buis creux qui résonne.

— Quelle était la jolie chevrière avec laquelle tu dansais l’autre jour ?… Celle qui avait les sabots vernis et les bas violets ?

— C’est ma petite amie, Mademoiselle.

— Comment, ta petite amie ?

— Mon amoureuse, Mademoiselle.

Almaïde rougit et lui demande :

— Elle s’appelle ?

— Maïlys.

— Est-ce que vous êtes promis ?

— Oh ! promis… nous sommes trop jeunes…

Puis, malin :

— Nous nous amusons dans la montagne.

— À quoi vous amusez-vous ?

— À l’amour, Mademoiselle.

Almaïde rougit et se tait un instant, puis :

— Comment faites-vous à l’amour ?

… Et, en demandant cela, son cœur bat, ses oreilles bourdonnent. Elle ne sait si elle regrette d’avoir parlé. Elle étend le bras et, à travers la