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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/193

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— Quelle heure est-il ? Trois heures ?

— Trois heures et demie.

— Tu seras prudent. Il faut t’en aller… Écoute dans les lauriers ?… Il n’y aura pas d’avalanches ?

— Non.

— Comme ça…

— Oui…

— Adieu…

Il est devant l’église. Quatre heures sonnent, d’un timbre rauque, doux et fêlé, qui tremblote et pleure. Les touristes arrivent.

Petit-Guilhem prend la tête. Il va d’un pas égal et lent, se servant peu, pour la montée, du bâton de montagne, mais laissant hésiter son pied une seconde sur le sentier rocailleux, pour s’assurer de l’équilibre des pierres.

On gravit les premières rampes, on passe à gué les torrents qui bondissent. Les mugissantes eaux brisent aux rochers leur fine écume, tournoient, reviennent sur elles-mêmes, coulent un instant avec lenteur entre deux galets, puis sursautent et s’éparpillent en grésillant.

Petit-Guilhem annonce :

— Il y aura de la tempête au col.

Puis il reprend son air méditatif, sa rêverie que berce, de seconde en seconde, le choc régulier des piques sur le granit. Il songe à la jeune fille