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VIII


Au lendemain matin de cette terrible soirée, M. d’Astin mande Almaïde dans sa chambre.

— Mon enfant, lui dit-il, asseyez-vous en face de moi… J’ai songé à vous toute la nuit. J’ai besoin de vous entretenir.

Il dit cela doucement, gravement, étendu sur un fauteuil, le pied sur un tabouret, enveloppé d’une robe de femme chinoise qu’il se plaît à souvent revêtir dans sa chambre. Il appuie, à plat, ses bras sur les bras du fauteuil, chaque main s’incurvant à l’un des pommeaux de chêne. Le corps est un peu voûté en avant. Les cheveux blancs, rejetés en arrière, ondulent. Les yeux de claire pervenche fixent le plancher où tremble la lueur du feu. Une bonté éclaire le visage douloureux.

M. d’Astin reprend :

— … J’ai songé à vous toute la nuit…

Et il se tait de nouveau, hésitant.