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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/206

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où des princesses Mongoles achètent des fleurs, ou les marchandent, avec de petits gestes réservés.

Un soir qu’Almaïde est plus sombre que de coutume, et que M. d’Astin s’aperçoit qu’il ne peut plus lutter contre cette énigmatique tristesse, qu’il ne peut attribuer à la mort d’un oncle égoïste et morose, il lui demande :

— Ma chérie, vous paraissez avoir un gros chagrin ?…

Elle demeure silencieuse dans l’ombre de la lampe.

Il s’assied auprès d’elle et lui prend les mains :

— Dites, qu’avez-vous ?

La voix du gentilhomme est si douce et bonne qu’elle fait frissonner la jeune fille comme sous un souffle d’amour. Longuement, comme qui va sangloter, elle aspire l’air d’un soupir entrecoupé. Ses yeux se remplissent de larmes, ses narines frémissent.

Enfin elle tombe à genoux sur le tapis et, pleurante, appuyant sa joue humide et brûlante aux vieilles mains ridées qu’elle retient entre ses doigts crispés, elle fait sa confession.