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LE PARADIS


À la mémoire de mon père.


Le poète regarda ses amis, ses parents, le prêtre, le docteur, le petit chien qui étaient dans la chambre, et mourut.

Sur un morceau de papier, on écrivit son nom et son âge ; il avait dix-huit ans.

En le baisant au front, ses amis et ses parents éprouvèrent qu’il avait froid, mais il ne sentit point leurs lèvres parce qu’il était au ciel. Et il ne se demanda point, ainsi qu’il l’avait fait étant sur la terre, si le ciel était comme ceci ou comme cela. Puisqu’il y était, il n’avait pas besoin d’autre chose.

Sa mère et son père qui étaient, oui ou non, morts avant lui, vinrent à sa rencontre. Ils ne pleuraient pas plus que lui, car tous trois ne s’étaient jamais quittés.

Sa mère lui dit :

— Mets le vin à rafraîchir, nous allons dîner