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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/27

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ô mon frère. Je te salue, au nom de ce ciel qui réfléchit les eaux et les pierres brillantes, au nom des oseilles sauvages, des écorces et des graines qui sont ta nourriture. Viens avec ces innocents qui m’accompagnent et qui se sont attachés à mes pas avec la foi du lierre qui grimpe à l’arbre sans se dire que, bientôt peut-être, viendra le bûcheron. Ô Lièvre, je t’apporte la Foi que nous avons les uns dans les autres, la Foi qui est la vie elle-même, qui est ce que nous ne savons pas, mais ce en quoi nous croyons. Ô Lièvre aimable et gentil, ô doux routier, veux-tu bien suivre notre Foi ?

Et, tandis que parlait François, les bêtes arrêtées faisaient silence, à plat ventre ou perchées, confiantes dans ces mots qu’elles n’entendaient point.

Lièvre seul, l’œil grand ouvert, semblait s’inquiéter maintenant du bruit de ces paroles, une oreille en avant, l’autre en arrière, comme, tout à la fois, pour partir et rester.

Ce que voyant, François cueillit sur la pelouse une poignée de foin et la tendit au Patte-usée qui le suivit.