Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Midi flambait. Dans l’ombre, quelque scribe presbyte à barbe blanche, revenu de la Mecque, écrivait avec un roseau. Il faisait le recensement. Il y avait auprès de lui, dans l’angle de la muraille sableuse, un blême adolescent qui, les jambes croisées, burinait aussi.

Cet enfant n’était qu’un profil de lumière, qu’une lampe d’argent vivante dérobée à quelque enchanteur, qu’un pétale de magnolia tombé un jour d’orage dans un verger. Tous deux, le vieillard et lui, évoquaient les trafics poétiques des longs comptoirs d’une Arabie heureuse, les magasins d’étoffes où doit venir la Dame, l’obséquiosité des salamalecs, les marchandages.

Nous revenions à pas lents par le marché où les chameaux renâclaient en broutant du bois sec.

On y vendait beaucoup de marchandises : des dattes écrasées, du nougat et des piments.