Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/320

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les aurait effleurées, la trompe des moustiques aurait pompé leur pollen, et elles seraient mortes doucement, à côté de leurs amies.



Les étoiles d’hiver sont belles lorsqu’elles poudroient dans le ciel couleur d’ardoise et que, dans la profondeur brumeuse et bleue, elles éclairent des lambeaux de nuages. J’ai traversé la petite ville, à six heures, lorsque les chandelles derrière les vitres font remuer les ombres carrées dans les boutiques et luire la boue rose sur les pavés. Un chien trotte en flairant sous les portails. Un char, dont les bœufs glissent, grince. Une lanterne vacille, une voix s’entend. Les angles des toits sont nets. Le reste est rongé par l’obscurité. Çà et là, encore, de loin en loin, une fenêtre d’un rose fumeux, et me voici au sommet de la côte.

À gauche, tremble une énorme étoile. Il semble qu’elle respire et que ses rayons tour à tour s’allongent et se rétractent. Son feu blanc a l’air de couler. Je regarde les constellations carrées, derrière lesquelles sont encore des carrés de constellations, lesquels recouvrent d’autres constella-