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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/323

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déjà, à travers Janvier. Depuis deux nuits, à mon réveil, j’entends le chant d’un merle. De quelle émotion m’emplit le premier souffle, à peine perceptible, du printemps ! Cependant, l’hiver régnera longtemps encore.



Le tic-tac usé de la pendule berça bien des soirées dont me charma la tristesse. Les chats s’introduisaient dans le salon où il y avait des invités. On était autour du feu. On se racontait des frayeurs, des pressentiments que l’on avait eus, les manies de personnes mortes. Les carrés d’ombre projetés par la lampe tremblaient. Le foyer éclairait par-dessous des profils accentués de vieilles dames, des mains aux veines saillantes, des gestes d’adolescente se montrant des broderies commencées.

— Oh ! comme c’est joli !

— Oui, mais c’est long comme tout.

— Quelle patience vous avez !

— C’est Claire qui a commencé celle-ci.

Je me souviens de l’une de ces soirées où étaient beaucoup de jeunes filles. Petites fleurs de province, elles s’épanouissaient dans la lueur grise et rose du salon…