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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/331

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Et j’aime aussi la flore des prairies : la reine des prés balancée par les brises, bercée par le roucoulement du ruisseau. Sa couronne parfumée se pare de coléoptères des eaux plus nacrés que les gorges des colibris. Elle est l’amour de la pelouse, la fiancée des lisières herbeuses.

Mais il est, au fond des vieux parcs désolés, des botaniques plus mystérieuses. Là, demeure ce que l’on nomme les vieilles fleurs comme le lilas terrestre, la belladone-amaryllis, la couronne impériale. Ailleurs, elles mourraient. Là elles résistent, gardées par les préjugés des arbres séculaires, arbres singuliers aux noms disparus. Et ces corolles maniérées, distinguées, ne relèvent leur tête branlante que lorsque, soufflant à travers les liquidambars et les érables, le vent gémit comme Chateaubriand.



Ce soir, je prendrai mon sac, mon bâton, et j’irai dans la montagne.



… Il m’a été impossible de monter au Jaïzquibel, même d’aller à Notre-Dame-de-Guadaloupe.