Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vieux, dans un bouge où nous commencions de nous disputer, de nous séparer. Elle tendit à ma lèvre son épaule dont se cordaient les muscles sous un amour irrité. Nous sentions le froid du lâchage tomber sur nos cœurs, dru et goutte à goutte, comme d’une lame de glace. Elle ne versait pas une larme, les yeux follement agrandis, le nez froncé. Il y avait en nous de sourdes choses. Ensuite nous nous promenâmes. Elle ne dit une parole terrible pour essayer la trempe de mon amour. Je restai calme. Alors, elle se mit à paraître distraite, ayant l’air de craindre que l’on ne l’aperçût avec moi.

Voici que je pleure à grosses larmes, des larmes chaudes qui coulent au long de la joue. Que je souffre ! À quoi m’ont servi tous ces sacrifices ? Je suis fort, mais je n’en peux plus. Il me semble que je porte en moi un créancier et un débiteur. Je crois que c’est là un principe d’économie politique appelé : loi d’airain, offre et demande.



J’ai gravi le petit pic du***. Les premiers daphnés fleurissent, les premières gentianes, les premières hépatiques. Sur les hauteurs et dans cette