Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mansarde où j’écris, là seulement je trouve la paix. Au sommet du*** le vent m’a fait chercher un abri. J’ai déjeuné sur un roc où des bêtes-à-Bon-Dieu, rondes comme des tortues, luisantes, rouges et noires, couraient. Qui donc, aussi triste que moi, eût pu manger ? Me sentant délaissé par le bonheur, j’ai pris un parti. J’accepte, comme une volupté, le goût amer que ma bouche donne à mon pain. Je l’accepte sans faiblesse, et gardant un peu de mépris à ceux qui n’apercevraient point la force de ma résignation.



Au-delà des prairies crevées par les sources, dans un village que l’on nomme Les Angles, au pied d’un clocher poétique, j’ai vu une maison heureuse. Un jardin mélancolique l’entoure, une tristesse dominicale y sommeille. Qui donc est là ? On m’a répondu : « une famille parisienne, durant les vacances. » J’ai passé devant la grille et me suis senti désolé. Mon bâton de montagne a brûlé mes doigts tout à coup.

Oh ! Aller, dans la vallée d’Ossau où se dansent les rondes monotones, choisir la fille la plus calme, celle dont le visage ni le corps n’ont un