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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/343

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Aulnes grêles ; marécages torrides où, vers midi, gonflant les vessies de leur gorge, les grises grenouilles rauques se traînent sur les plantes coriaces, tandis que, lentement, du fond de la vase ombreuse et dorée, monte une bulle…

Vignes sèches et tordues ; essaims de fleurs des pêchers roses en vol oblique dans l’azur ; poiriers et roses du Bengale.



Couchers de soleil cerise ; neige nocturne d’un fruitier ; assombrissement vert et transparent des allées ; sommet des collines à sept heures où les arbres sont des éponges de nuit qui, peu à peu, se mêlent à la sévérité de la courbe uniforme qui se gonfle et s’élance, nette.

Nuit sans étoiles ; nuit violette où se distinguent à peine les sandales blanches d’une paysanne aimée, et le hérissement d’arbres grêles et secs ; pâleur d’un coteau calcaire, et eau, où je ne sais quoi fait deux ombres longues et profondes…