Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/342

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La porte ouverte, l’azur, la mouillure de l’herbe et les giroflées, et les jacinthes, et un seul oiseau qui crie, et mes chiens à plat ventre, et les rosiers à tige rose épaisse, le verdissement du lilas, et une cloche qui sonne, une guêpe qui file droit et raye la prairie de son vibrement blond qui s’arrête, hésite, repart, se tait et bourdonne…

Cœurs et chœurs des primevères sur les mousses humides et obscures des bois ; longs fils de rosée rose et bleue flottants et balancés et suspendus — à quoi ? — dans la matinée immatérielle ; rainettes aux paupières dorées dont bat le goitre blanc ; ajoncs dont le parfum de pèche flétrie et de rose, aux chemins déjà torrides, se traîne…

Iris, cris des geais, tourterelles, montagnes de neige bleue qui êtes les rochers de l’azur, champs verts carrés, ruisseau roulant un caillou doré dans le silence ; premiers feuillages des eaux ; frisson qui glace le corps auprès des sources quand le soleil vous cuit les mains…