Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/345

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comme les lilas du parterre dont je n’ai frôlé que le parfum !…

L’espoir va-t-il renaître ? J’ai peur. Est-ce encore la désillusion ?

La guêpe a bourdonné. Je n’aime que le lilas violet, je n’aime que les violettes bleues. C’est dimanche, et j’entends, dans mon âme profonde, gronder les harmoniums des pauvres églises.

Ma vie, voici ma vie, ardente et triste comme une flamme qui brûle par un trop tiède soir d’été, auprès de la fenêtre ouverte. Une brise insensible a gonflé tout à coup le rideau de mousseline, comme mon cœur.




Le Printemps fait silence dans mon âme.

Au moment où je viens d’écrire cette phrase, j’entends le premier rossignol qui chante dans l’azur vert du soleil mouillé.

Je succombe en l’entendant. Il me semble qu’à l’écouter ma poitrine va se briser. Quelles ombres bleues et quels soleils rouges vont pour moi tourner aux cadrans solaires des vieux domaines ? Par la porte du salon j’aperçois une tulipe. Elle est immobile sur l’immobilité de l’herbe touffue et do-