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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/346

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rée. Ô Clara d’Ellébeuse, je sens la lourdeur d’une de tes boucles blondes sur ma tempe. Qui es-tu donc ?



Dans le jardin, le parfum des lilas me fait mal tout à coup parce que je suis horriblement triste.

Cependant, lilas, tu m’es cher depuis l’enfance. Alors je considérais tes grappes qui étaient les belles images vernies d’une boîte à jouet.

Et tu hantais aussi, lilas, un verger familier à mon jeune âge. Dans ce verger, il y avait des hérissons. Ils glissaient au long de vieilles poutres. Qu’ils sont innocents et doux, malgré leurs pics, les hérissons ! Je me souviens de mon émoi un soir d’hiver que j’en trouvai un au seuil de la cuisine, chassé par la neige et fourrant son petit groin dans des détritus laissés là…



J’aime les êtres de la nuit, les chouettes au vol souple, les chauves-souris, les blaireaux, toutes les bêtes craintives qui glissent dans l’air ou dans