Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/357

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homme s’élève et s’assombrit comme elles, voit à ses pieds le vain tumulte des hommes, confronte les fumées tourmentées de leurs toits avec la grandeur placide des nuages qui, sur les cimes, lentement se traînent.

Soudain il se retourne. La fenêtre de Maman est ouverte. Il descend par la vigne au verger. Le cri d’un coq éclate et les colombes roucoulent. La ruche tournoie et ronronne. Il gagne la maison.

C’est dans cette même chambre où je suis qu’il entre. Tout, dans cette pièce, exhale encore une sensualité puissante et blonde.

— Bien le bonjour, Maman !

— Bien le bonjour, Petit.

Il s’est assis sur le lit bas à côté d’elle qui est couchée. Elle bâille, et, robuste, l’attire à elle. (Une barre oblique de soleil poudroie sur l’oreiller.)

— T’es-tu promené bien loin, aujourd’hui ?

— Maman, un de nos pigeons est malade. La barrique de vin perdait par une fente que j’ai bouchée avec la cire de nos abeilles… Voici des colchiques déjà, cueillis pour vous…

— Merci, amour.

— Ils vous feront songer à ceux que ramassait le pauvre Claude Anet, et dont vous faisiez, — vous souvenez-vous ? — un magistère extérieur contre le mal-caduc.