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Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/36

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Et l’un des chiens aux colliers d’épines s’avança. C’était l’épagneule, amie de Lièvre. Déjà, comme le loup, elle avait ressenti âprement la faim et claquait des dents. Ses oreilles se ridèrent en s’exhaussant ; sa queue empanachée comme une gousse de coton, se tint immobile et horizontale. Ses yeux, couleur de framboise jaune, fixaient François avec l’ardeur de la Foi absolue. Et ses deux compagnons, qui s’apprêtaient à l’écouter avec confiance, baissaient la tête en signe d’ignorance et de bonté. Et eux qui étaient des labrits de pâtres, qui n’avaient entendu jamais que les sanglots des clarines, le bêlement des troupeaux et le coup de fouet de la foudre sur les sommets, ils attendaient, heureux et fiers, que la petite épagneule témoignât.

Alors celle-ci fit un pas. Mais aucun son ne sortit de sa gorge. Elle lécha la main de François, puis elle se coucha à ses pieds.