Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oublies-tu donc si vite qu’il fut ici avant toi et que, si je t’accordais, pour « t’arracher au péril de la jeunesse[1] », les faveurs dont tu parles, c’était à cette condition aussi que tu n’aurais droit à aucun mot de jalousie envers qui que ce soit de mes amants ?…

— Mais, Maman, que ne me continuez-vous ?…

— Ce que je croyais être un bien pour ta frêle santé, enfant, j’ai compris que c’était un danger… Tu fus encore plus faible depuis lors… Cette révolution du sang qui t’affecta si fort et si brusquement et dont tu manquas périr, n’était-ce point mon imprudence qui la provoqua ? Mais ne parlons plus de cela, puisque nous convînmes encore, dans notre contrat, que tu n’aurais jamais à réclamer ce que je désirais pouvoir te retirer à volonté ? Ainsi, je n’ai point surpris ta bonne foi… et c’est dans ton intérêt…

— Ô Maman ?

— Allons, Petit ! Tiens… Donne-moi le vinaigre de lavande… Les moustiques m’ont piquée à l’épaule…

— Prenez votre magistère, Maman !

— Il me raille !… Ah ! le vilain Petit !… Que je le claque !

  1. Les Confessions, partie I. liv. V.