Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le deuxième Paradis était celui des oiseaux, situé dans un bocage frais où leurs chants ruisselaient sur les feuilles des aulnes qui en devenaient ondulées. Et, de ces aulnes, ces chants s’écoulaient dans la rivière qui en devenait musicale jusqu’à faire jouer les joncs.

Au loin courait une colline emplie de printemps et de ténèbres. La douceur de ses flancs était incomparable. Elle exhalait un parfum de solitude : l’arome des lilas nocturnes mêlé à celui du cœur des roses noires où boit l’aride soleil blanc.

Soudain, par intervalles, comme si fussent tombés sur l’onde, en s’y brisant, les astres de cristal, on entendait s’épanouir le chant du rossignol. On n’entendait que le chant du rossignol. Sur toute l’étendue de la colline taciturne, on n’entendait que le chant du rossignol. La nuit n’était que le sanglot du rossignol.

Alors, dans les bocages, l’aurore se levait, rougissante d’être nue parmi les chœurs des oiseaux dont hésitaient à se moduler les siffle-