Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/79

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Clara d’Ellébeuse entre dans la chapelle. Une impression glaciale la saisit. Il lui semble que des gouttes de pluie se glissent le long de son corps tiède, car sous son lierre et ses briques, sous l’azur torride, la chaumière de Dieu a fraîchi comme une cruche.

L’autel est pauvre et beau, à peine éclairé par deux fenêtres aux petits carreaux en losanges d’où tombe un tulle campagnard soigneusement empesé. De chaque côté du tabernacle, sont trois grands chandeliers dorés. À gauche, il y a une vierge dans une niche du mur et, à droite, dans une niche pareille, un saint Joseph. À leurs pieds de petits vases de loterie, si dorés et si verts qu’ils réjouissent le cœur, contiennent d’humbles fleurs artificielles. Au milieu de l’église, sur un fût brisé, une pierre creusée comme un calice renferme l’eau bénite pleine d’ombre. Sous la tribune, semblable aux crèches des étables, la grille du confessionnal est cachée par une lustrine verte, luisante et roide. Cet asile pacifique n’a point de nef, mais un plafond de bois que recouvre une chaux d’azur.

Clara d’Ellébeuse s’agenouille et prie.

Mon Dieu, murmure-t-elle, préservez-moi des mauvaises pensées. Je veux être une petite fille pure. Éloignez de moi la curiosité. Ne me donnez pas envie de lire dans le tiroir de bonne-maman