Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/84

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Et bonne-maman d’Étanges, avec un sourire enfantin :

— C’est comme moi, monsieur d’Astin… Voici dix jours que s’enfla ma main droite…

— Pour Dieu !… Encore votre main n’est-elle pas une bûche et pouvez-vous la tendre… Et que dit cette belle enfant ?

Il considère Clara assise en face de lui, contre le paravent. Sur ce paravent il y a des arbres aux fruits jaunes sous lesquels sont étendus des bergers et des bergères. On y voit aussi une chasse au cerf. Le cerf traverse un ruisseau où sont des angéliques roses. Les chiens, langue pendante, le serrent de près. Au loin, sur une pelouse, deux petits cavaliers en tricorne, la trompe en sautoir, s’efforcent à les rejoindre. Et les arbres aux beaux fruits sont sur un fond blanc, et la rivière et les arbres sont bleus. Ce doit représenter une tombée dorée de septembre. Il semble que les cimes des ormeaux y soient agitées par un vent de grandes vacances au déclin. Et, contre ce paravent, les boucles de Clara d’Ellébeuse se détachent des fruits peints, des fruits ronds et beaux comme des grenades qui seraient des pêches.

Elle ne dit rien et sourit, embarrassée et charmante. Tandis que sa mère répond pour elle, mille pensées vivent sous ce front lisse. Elle songe que